Jour 4 – J’apprends la patience
(Sorry, this article is for now only available in French)
Ce matin Ali est revenu avec l'oiseau encore chaud sorti du moule. 72 heures pour chauffer, a-t-il dit, autant pour refroidir. Il ressemble, aux bébés qui viennent de naitre encore couverts de miscelium. C'est exactement l'impression que j'ai, après l'avoir conçu il faut encore en accoucher. Il est en morceaux tout est à faire. C'est curieux, il me faut parler des mères comme de mes enfants, peut être avortés. C'est parfois ainsi, être la mère de sa mère, la porter puis la laisser, enfin le croire car ce sont elles qui nous abandonnent, surtout quand elles meurent. Ali s'inquiète, il préfère les laisser couver encore un peu. Elles sont si fines, l'air peut avoir bouché les évents et empêché le bronze de se répandre dans toutes les petites alvéoles, je vous remontre une photo pour que vous vous souveniez comment elles étaient délicates.
Ali craint que je lui en veuille de ne pas réussir l'impossible. C'est vrai que je lui ai mis un peu de pression en ne voyant pas les mères à mon arrivée, j'ai eu peur d'être venue pour rien, alors qu'il y a tous les possibles et les femmes qui m'attendaient. Mais il s'est mépris. Si les mères dont les branches viennent de Genève, ne veulent pas éclore à Bangkok, et que ne restent que le bois de celles qui m'ont demandée de rentrer, ce sera leur choix à elles. Et nous la respecterons, Peut être une autre sculpture naitra de ce qu'elles auront laissé, peut être apprendrai-je enfin l'humilité. La matinée est passée en discussions, croquis et essais de formalisation informatique du projet de fontaine pour le Grand Cosmos. Ali s'essaye à l'alchimie quand il ne travaille pas comme un orfèvre les morceaux d'oiseau, Ti lui vient en aide. L'après midi est très court, je peaufine les femmes, j'ajoute les ébauche de la femme qui pense, de celle qui avance, et celle qui attend. Vous ai-je dit que ces femmes, toutes ces femmes sont la Femme. Nous sommes toutes ces femmes en même temps parfois l'une parfois l'autre parfois plusieurs, vous laquelle êtes vous en ce moment? (oui même vous messieurs). Nous partons de nouveau à la recherche de branches, nous ne savons jamais lesquelles ni où elles nous attendent, les chemins sont pleins de surprise, une jungle sur une route goudronnée, une zone industrielle à la fin d'un chemin de terre, un village qu'on s'attendrait a trouver a Laos, et parfois des branches, Celles-ci étaient sur le bord de la route principale, elles nous ont fait penser à des femmes, nous les avons emmenées. Et puis je suis rentrée fourbue, ravie d'avoir cette fois encore des choses à vous raconter. Pleine de vos réactions aux femmes, à la routine qui s'installe. Heureuse du partage.