les mères
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Mes Amis, Avant de vous envoyer mes âmes, il me faut vous parler des mères. La femme évoquée lors de mon précèdent post est celle que j'ai extraite de l'Homme. Celle que j'ai tue lui donne naissance. Vous m'avez fait remarquer leur absence. Je reviens vers elles. Depuis longtemps je tente de les apprivoiser. Lors de mon troisième séjour en Thaïlande, j'avais emmené des branches qui me murmuraient des promesses. J'en avais ébauchées quelques unes avant de partir, que j'avais laissées à l'atelier. Arrivée en Asie, je leur avais demandées de me parler, de me dire en rêve ce que je n'entendais pas le jour. Elles avaient préféré me garder éveillée pour me le révéler. Elle étaient les mères. Celles qui vivent pour l'enfant et par lui, celles qui vivent malgré l'enfant, presque sans lui, celles dont les enfants sont les racines et qui avancent ancrées parfois lestées, celles qui l'attendent , celles qui les attendent, celles qui le sont, celles qui le deviennent, celles qui le refusent, celles qui le demandent, celles qui en vivent et d'autres qui en meurent ... les mères, toutes les mères. Fragiles et pleines de bourgeons, si on ne les voit pas on reconnait souvent les mères à leurs enfants ou à celui qu'elles ont été. Je m'étais demandée laquelle j'étais, à 3 heures du matin, cela m'avait donné faim ce qui m'avait fait penser à la mienne, j'avais pleuré et m'étais endormie. Au matin je les avais réalisées. Un oiseau aussi était né spontanément sans question, de quelques feuilles ramassées pour rire. Je les avais tous laissés aux bons soins du fondeur, pour vivre ma vie d'artiste. Ce fut une journée follement gaie de l'accomplissement et très triste de la séparation. Je parle des mères comme de mes enfants. C'est parfois ainsi, être la mère de sa mère, la porter puis la laisser, enfin le croire car ce sont elles qui nous abandonnent, surtout quand elles meurent. Lorsque je suis revenue les chercher, elles n'étaient pas. Elles n'ont pas voulu se laisser idolâtrer, préférant vivre de, et dans, nos souvenirs. Refusant d'être posées en relique puis oubliées par des enfants distraits. De leur passage, elles n'avaient laissé pudiquement que quelques brindilles. Je me souviens avoir eu peur, avoir été découragée et pleuré. Je pourrais écrire la chronique de ces angoisses, mais n'oserais pas planifier la délivrance comme une réalité inexorable. Et cependant vivant ou mort l'enfant doit sortir. Par pure ironie, l'oiseau, majestueux, vilain petit canard déguisé en cygne, lui volait. Tournant autours des cendres de ces mères, appelant la sienne, à le regarder, il a pris leur esprit sous son aile, un nid fait de brindilles de cornu et d'hêtre. l'accueillant en mon sein, moi l'ogresse recherchant sans fin ma condition de fille, perdue depuis longtemps, je l'ai libéré pour qu'il s'envole jusqu'à vous. Les mères de bois et de peut être, ces ébauches laissées à l'atelier m'ont accueillie comme l'enfant prodigue. Nous avons fait silence sur celles que j'ai laissées là bas. Je me suis souvenue que j'étais l'une d'elles et combien il est difficile de laisser partir ses enfants.