Les mots
S’ils ne sont pas assembles en poèmes, les mots sont vains. Ce n’est pas que je ne les ai pas pensés, formés, ni tracés, mais ils n’ont pas cheminé de mes sens à mon cœur, de mon esprit à mon âme et ne méritaient pas d’être partagés.
J’ai cru que l’époque, abusant du spirituel pour le manipuler, le tournait en dérision. J’ai remisé mes mots en attendant qu’ils se régénèrent.
Je reconstruisais, au propre comme au figuré, la grotte de mon enfance. Celle qui abrite mon imaginaire, d’où il se matérialise dans le silence vierge des rumeurs du monde et de l’histoire. L’antre du retrait, mais aussi des rencontres et des voyages intérieures qui se prolongent dans le réel. J’ai donc voyagé. Et de ces retraites multiples, j’ai envoyé des cartes postales numériques et silencieuse, pour vérifier que je n’oubliais pas et n’étais pas oubliée du monde
Une année a passé, les plâtres de mon nouvel atelier sont secs, et c’est dans le plus profond de l’hiver que j’y retourne planter les graines en germe, rempoter les projets qui nécessitent plus d’espace, et bouturer tout ce qui peut l’être pour en découvrir les surprises.
Je m’extirpe du silence à la recherche des lueurs de la renaissance et de la continuité. Engourdie encore, curieuse, comme je l’ai été pendant ce long renouvellement.
Je vous souhaite des fractures à travers lesquelles s’exprime la lumière, en ombres et en éblouissements.
Prenez soin de votre flamme