N’oublie pas l’hiver 2 au doux mois de mai
Déroulement en paysage
Je me dépêche de vous écrire avant que la prochaine nouvelle n’efface le souvenir de ce qui vient d’advenir.
Lorsque j’ai commencé à correspondre avec vous, il y a presque 15 ans, j’étais en Thailande, invitée par Ali Salem, artiste et fondeur de talent afin de créer des arbres généalogiques en bronze. J’y étais partie les mains vides, pleine de doutes. Presque chaque jour je partageais avec vous l’état de mes découvertes, l’évolution de ma création et de mes pensées. Plongée dans l’inconnu, vous écrire me reliais au monde, m’aidait à traverser un de ces hivers que j’habite cycliquement, saisonnièrement pour finalement accoucher de fruits dont j’ignore la gestation.
N’oublie pas l’hiver que j’ai présenté à Timisoara, renvoyait les reflets du ciel, de vos regards, et des reflexions que je n’attendais pas. Il a été question de grâce, de rêves mais aussi de peurs, celles d’hommes en équilibre. L’un se sentait mis en danger par les flots de la lumière rampante, par le ciel comme tombé sur le sol de mes traces, qui lui faisaient penser à un squelette. Pour un autre, les miroirs le renvoyaient au mercure de Terminator, il lui semblait qu’une créature maléfique allait naître des ombres lumineuses. Ou enfin celui ci qui n’avait même pas pu aller jusqu’à l’installation, la vidéo Une vie soir, l’ayant paralysé, pourquoi diable ces pieds devaient ils piétiner dans le sang sans fin ?
Quels hivers charriés par les hommes se réverbèrent dans les œuvres d’art ?
La plupart des visiteurs se sont laissés allé à la poésie, de mes flots sans tumulte, ils y entendaient l’eau de rivières invisibles, d’autres ont pleuré, les enfants tentaient du pied de pénétrer le ciel enfin accessible. Comme s’ils puisaient dans le puits obscur de l’hiver, Ceux là ont puisé le dessous des choses, celui qui fertilise le présent.
L’ombre de février ne s’est pas réconciliée avec celle de mai. L’ombre de février exprime les fracas intérieurs qui sourdent à nos surfaces. Elle se restituera dans sa totalité imaginaire en voyageant.
Il y aura les réflexions multiples des cieux roumains et de ceux des autres contrées, des personnes qui passeront et s’y absorberont. Il y a et il y aura cette ombre qui est censée être l’obscurité, le vide et qui à Timisoara démultipliait ce qui s’y reflétait sans jamais rien en retenir.
Il y a ce qui pousse dessous dans le sans , et ce qui n’y poussera pas à cause du trop. : L’artifice.
Je vous souhaite d’entendre vos peurs et de les reconnaitre, pour vous aimer hiver comme été et que nous restions connectés.
Déroulement en portrait