Passage du temps – 2 – Adar 2
Je suis restée longtemps le stylet suspendu au dessus de la feuille blanche qui portait sur elle les vagues de mon indécision.
Pourtant ma main sait ce qu'elle doit faire, elle a déjà, à plusieurs reprise, dessiné des moments de vie, poinçonnant le papier de minuscules trous. Autant de trous que les jours des vies représentées, autant de trous que les minutes des mois figurés. Pourtant mon esprit sait qu'un dessein pré-existe à mon intention et qu'il s'inscrira même malgré elle.
Ce que je ne sais pas, c'est quand le temps commence.
Parce que je prépare une exposition sur le nid, cet espace d'accueil de l'inerte et du vivant. Parce que, nous en parlions dans Yama 9 : Renouveau, l'année en cours est embolismique, c'est à dire qu'un mois surnuméraire, Adar 2, vient s'insérer au milieu des 12 autres mois du calendrier juif. Parce qu'il permet d'unir les mois de lunes et les années du soleil. Parce qu'on dit de ce mois qu'il a en lui un inconnu qui se révéle dans la délivrance, et que donc il est enceint. Parce que tout est symbole.
Pour cela j'ai le sentiment que Adar 2 sera la clé de voute de l'histoire que je souhaite raconter. Il représente la frontière entre ce qui porte et ce qui met au monde
Pour cela je dois savoir quand le temps commence, pour pouvoir moi aussi commencer.