Vertigo – 7 – Jours 9, 10 et 11
Lundi 25 mai 8:03. La pression monte, mes rêves ont des goûts d’inachevé, de foules trépignantes devant des oeuvres en germe. Je me reveille dans l’urgence de ce que je peux encore faire avant l’installation demain à l’institut français de Tel Aviv. Les aléas sont nombreux, les branches doivent accepter d’être emballées déballées détachées rattachées, les fils libérés de leurs petites enveloppes de cellophane, le nid a proprement parlé être créé là où il abritera les auditeurs. Une branche s’improvisera arbre de paroles, elle en portera 8, elle devra trouver où s’enraciner. Il me faudra aussi me trouver un lieu où écrire ce journal qui l’accueille et accepte de le mettre en valeur. Il y aura toutes ces nouvelles personnes à qui parler, des lieux à apprivoiser, des marques à trouver. Je sortirai du cocon, chrysalide non encore papillon. J’inspire j’expire, je laisse le temps entrer en moi pour commencer cette nouvelle journée.
Mardi 26 mai 15:09. Je commence une journée a l’envers, du journal. J’aurais pu tourbillonner, écrire en miroir, en étages, en volutes, ou meme encore en rouge, mais j’ai préféré retourner le carnet et tenter de rejoindre l’autre bout, celui des jours deja écoulés à l’abris de l’eco village Vertigo. Il est curieux de voir a quelle vitesse je fais mon nid, ou est ce le changement qui donne à ce qui est déjà connu allure de cocon ? Précisément depuis ce matin, a Tel Aviv, a l’institut francais je tente de créer un cocon sous lequel les auditeurs viendront s’assoir pour 19 minutes de meditation, les sons « A ma mère » pour qui ne parle pas le francais, seront un plongeoir en soi inconnu, pour les autres un echo. Tranquillement les branches se sont installées sur la bibliothèque d’un cote des branches liées de fil blanc derrière lesquelles les livres ne s’offrent pas mais se méritent. De l’autre deux fauteuils sous les branches reliées en fil rouge. C’est ce qui sera prêt jeudi 28 mai des 18:00. Mes mots ont rejoints ceux des jours precedents je suis comme dans une danse qui parlerait d’oceans, les lignes contre les lignes comme cette re-creation de ce qui était en germe a l’atelier. Un grand mouvement.
Mercredi 27 mai 19:21. Je ne fais pas que commencer par la fin, c’est ce que c’est ou presque. Le soir tombe, les fils sont déployés, des plumes sont venues se poser sur le nid rouge, l’arbre à paroles a trouvé sa place, le temps a coulé comme s’il s’était préparé de longue date a mettre ensemble les doutes et les intuitions. Il me reste à dire au revoir aux quatre soeurs, aux quatre beaux-frères, aux enfants aux chiens, aux ânes et aux fourmis rouges. Faire mes valises. Je ne sais pas si nous avons trouve le projet mais nous avons compris que n’en n’avions pas besoin, que nous avons encore beaucoup à découvrir de ce qui nous réuni. Demain la nuit sera longue. Chacun des deux auditeurs aura une experience unique, des nids du même bois et du même fil mais des univers différents, demain sera un nouveau monde. Le silence se fait en moi. Je me rends compte comme les tempêtes occupent mon esprit et mes pages lorsque je crée, mais pourtant mon intuition m’a menée, le doute et l’envie de reculer souvent, mais l’enthousiasme surtout, me font aller. Vendredi j’écrirais la dernière ligne de ce journal, une longue ligne. Je ne sais pas comment l’ensemble (du journal) pourra retranscrire une aventure quand les images ont refusé de fixer autre chose que le décor. J’espère que vous qui m’avez accompagnée, avez pu voyager en vous. C’est la premiere fois que je decide de retranscrire sans modification mon journal de travail, comme journal de bord, pour vous. Dans la solitude nécessaire de la création, je jette des bouteilles à la mer, je chuchote contre les parois des falaises et il y a toujours quelqu’un pour me renvoyer l’échos et ouvrir le message. Merci