Vertigo – 8 – Jour 12 et un peu après

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Vendredi 29 mai 1h du matin. La nuit se détend doucement, les philosophes se sont succédés dans le temps et l’espace, de lectures en personnes. La médiathèque de l’institut francais a été mon refuge, le nid, celui des auditeurs. Le temps d’une ronde, entre deux conférences, en lignes, sagement, ils ont attendu leur tour. Merav, Noa, Tali et Rina ont dansé silencieusement sous les fils et les ombres, d’autres se sont pris les pieds dedans. La cécité intérieure de quelques uns leur rendait invisibles les branches, d’autres les ignoraient certains, férocement s’y sont emmêlés. Il y a eu aussi les rêves, méditations et quelques ronflements. Chacun en a fait son expérience particulière, les questions émergées des profondeurs ou la musique pour ceux à qui les mots ne rappelaient rien de familier. La nuit court encore mais la médiathèque ferme, les accès sont clos et donnent une autre dimension à la "Nuit de la Philosophie" pour l’oeuvre-son. Quand sonne le moment de fermer, une femme arrive pressée, on lui avait dit que cela serait en écoute toute la nuit, elle est déçue. J’avais commencé à enrouler les fils électriques, plier et ranger. Je m’arrête, l’installe dans la pénombre du nid, elle se penche pour traverser la pluie des fils rouges et des plumes, s’installe dans le fauteuil, mets les écouteurs sur ses oreilles et part en elle. Je fais mes sacs, recoupe les fils blancs du nid en devenir si emmêlés qu’il font un autre nid possible sur le sol, remets en ordre l’installation qui reste dans la médiathèque au moins jusqu’à l’inauguration du 30 juin. Il s’écoule au moins 40 minute. La dame était ailleurs, elle lève les yeux vers moi et me demande : est-ce fini, peut être que je viens de réentendre un passage que j’avais déjà entendu. Elle se lève à regret semble-t-il, peut-elle prendre des cartes là, dans l’arbre à paroles ? Celles qu’elle choisit au hasard parlent de mémoire et de traces, ce sont justement ses interrogations. Elle trouve qu’elle a de la chance de pouvoir finir ainsi sa nuit de la philosophie sur ces questions et les possibles ouvertures, elle part, mais reste en elle. Elle m’offre tout cela, juste avant que je ne referme cette page. J’emporte avec moi ma mère en son, laisse les nids surplomber le 7 de la rue Rotschild de Tel Aviv pour que les lecteurs le temps de quelques pages rêvent sous les fils et les plumes, j’emporte la danse qui s’amorce entre Noa, Tali, Rina et mes arbres.

Un nouveau carnet s’ouvre je le partagerai surement. L’oeuvre son peut être écoutée à partir de ce lien.

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Publié le 31/05/2015

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